Le logis de Vendanger est un ancien logis prieural situé dans le Maine-et-Loire.
Des passionnés de patrimoine l'ont acquis à l'état de ruine, sur un coup de foudre, et l'ont restauré avec un respect et un amour qui sont exemplaires...
Des passionnés de patrimoine l'ont acquis à l'état de ruine, sur un coup de foudre, et l'ont restauré avec un respect et un amour qui sont exemplaires...
Ses exceptionnelles peintures se situent au premier étage
et datent de la fin XVème, début XVIème siècles.
L’ensemble de la pièce est peint : les
murs Nord, Est et Sud en enduit, la cheminée et les ébrasements de baie en
pierre, le mur Ouest à pans-de-bois et torchis, et le plafond de solives en
bois.
Ces peintures sont caractéristiques de la
seconde moitié du XVème siècle dans la région angevine, sous le règne du Roi
René d’Anjou: motifs floraux très aérés ( proches des
œillets, marguerites et petites baies) posés au pochoir sur des tiges très
fines peintes à main levée. Viennent se placer des sujets historiés à l’entrée
de la pièce (Sainte Marguerite) et près de la baie (Saint Pierre) sur le mur
Sud puis sur les murs Est (Crucifixion) et Nord (Saint Christophe et Sainte Barbe).
Enfin, sur le manteau de la cheminée se
découvre un décor de grisaille représentant frise de fleurs et éléments
décoratifs.
Les solives sont teintes en quatre
tonalités qui alternent, et la poutre maîtresse est divisée en dix bandeaux
contenant des motifs de brocard typiques du Moyen-âge.
La peinture est réalisée à la détrempe
sur badigeon de chaux, avec une gamme colorée réduite : trois pigments ocre
jaune, ocre rouge et noir de fumée, et le blanc de chaux (blanc de Saint Jean).
Avec ces pigments sont obtenues huit teintes : jaune, rouge, noir, brun , gris bleuté , gris,
vert et rose.
Les décors ont été recouverts d’une série
de deux à trois badigeons de chaux (deux pour les murs, ébrasements de baies et
torchis, trois pour la cheminée), et étaient fortement empoussiérés et
encrassés de noir de suie. Ils ont subi par endroits des eaux de ruissellement
créant des zones de calcification. Des sondages font constater que la peinture sous badigeons de ces mêmes
zones est pulvérulente. D’autres zones peintes, partiellement (et sauvagement) dégagées
antérieurement, ont été essuyées, faisant « baver » les pigments.
Les décors appliqués sur pierre (cheminée
et ébrasements de baies) sont complètement décollés du support et donc très
fragiles.
La premier étape a consisté à faire le dégagement
mécanique des badigeons de recouvrement et en accompagnement la consolidation des décors sur supports enduit de chaux, de pierre, de torchis et de bois. (fixatif naturel caséine, réversible, méthode Institut Spinelli)
Dégagement en cours: les décors sont encore très bien conservés.
Un dépoussiérage minutieux a ensuite été effectué afin d'éliminer les dernier résidus de chaux et les poussières.
Ensuite, j'ai purgé
les enduits récents et repris les lacunes au mortier de chaux, avec solins en
périphérie des décors. Certains enduits effectués au XVIIème siècle sont restés en place, car cohérents avec l'ensemble et faisant partie de l'histoire des décors et du bâtiment.
J'ai parallèlement injecté un consolidant à la chaux fait maison (coulis romain méthode Torraca) dans les fissures et poches de décollement d’enduit.
J'ai fait une longue recherche afin de trouver un enduit souple et stable pour le mur à pans de bois et torchi, et ai trouvé les bonnes proportions afin d'intégrer une fibre végétale dans mon enduit. Ce résultat très positif a été validée par l'Architecte en Chef des Monuments Historiques.
Je suis actuellement dans la rédaction d'une publication pour cette recherche.
Essais d'enduit concluants.
Enfin, après l'application d'un badigeon de chaux sur les petites lacunes ré-intégrables, j'ai pu doucement aborder la restauration picturale, par retouches a tratteggio, de façon très ponctuelle, uniquement avec les trois pigments ocres jaune, rouge et noir de fumée et liant organique (gomme arabique, réversible).
Pour tout les supports bois, aucune retouche, seul un nettoyage minutieux puis une brumisation légère de caséine afin de refixer les pigments.
Pour évité une restitution (abusive), j'ai préféré proposer une "retouche virtuelle", sur des clichés photographiques, afin de simuler le décor originel. Cette proposition a séduit les clients et la DRAC, confirmant déontologiquement ma démarche de restauration timide.
Ici, retouche en cours.
Voici comment présenter un chantier de restauration timide: un mur avant restauration 1, un croquis virtuel explicatif en cours de dégagement 2, une légère retouche picturale 3 et une retouche virtuelle pour simuler le plausible décor 4.
1 (avant restauration)
2 (dégagement en cours)
3 (après restauration)
4 (retouche virtuelle)
Quelques clichés des peintures restaurées:
Petite vidéo (très amateur) ici:
Ce chantier a permis de former une professionnelle et deux stagiaires avec cette démarche de restauration non "abusive":
Corinne Tual, Marie-Laure Longin, Anne-Laure Gilet.
Merci infiniment à Florence et Hervé pour la confiance qu'il m'ont accordée, pour leur accueil, leur gentillesse et leur passion!
Quel lieu magnifique et quelle restauration! On sent que le temps est passé, pas de remise à neuf, de "faux-vieux"!!! J'espère que les restaurations futures des monuments s'inspireront de votre démarche "timide", respectueuse et réfléchie! Bonne idée la retouche virtuelle... Merci encore de vos partages.
RépondreSupprimerL.Guillemin
Timide ! Sabine est loin d'être timide du pinceau ... Sublime restauration !
RépondreSupprimerBonjour Sabine.
RépondreSupprimerJe découvre votre travail avec admiration. Nous habitons deux mondes différents, que cependant quelque chose réunit. Merci d'être passée sur mon blog. Je vous ai dédicacé une œuvre sur la dernière page éditée de mon blog, en toute amitié.Bel été à vous.
Roger
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RépondreSupprimerFélicitations Sabine, je suis heureux de découvrir cette très belle restauration. J'ai visité ce petit logis il y a maintenant une dizaine d'années avec un ami qui souhaitait l'acheter. Il était en perdition. Bravo et merci aussi aux propriétaires, car c'est un véritable monument national d'intérêt majeur qu'ils ont sauvé. Wilfrid PONTOREAU
RépondreSupprimerAdmirable travail un grand bravo, c'est en cherchant et trouvant l'emplacement d'un manoir à vendre, situé pratiquement en face de ce logis que j'ai pu admirer son élégance. Ce qui est dommage c'est sa situation sur le bord d'une petite route passagère, voitures et camping cars se succèdent et malgré la limitation de vitesse à 50 kmh peu ou pas respecté, l'endroit est bruyant alors que l'ensemble du lieu entouré de bois est dès plus joli et propice à la promenade.
RépondreSupprimerLa dernière fois que je suis passé sur cette route c'était il y a près de quarante ans et les deux manoirs étaient dans un triste état pour ne pas dire à l'abandon, c'est une renaissance formidable.