Parler de la restauration de peintures murales c'est bien, expliquer les différentes techniques auxquelles je suis confrontée, c'est mieux!!!
Définitions:
Peinture murale: terme général utilisé pour les décors peints sur architecture, et dont les techniques sont diverses. On utilise généralement et à tort le terme de fresque pour définir une peinture murale (technique dite "a fresco", application de pigments dans un enduit frais) .
Fresque: technique de peinture consistant à appliquer des pigments d'origine minérale sur un enduit frais (intonaco), afin qu'ils pénètrent dans la masse et soient protégés par le calcin, substance qui durant le séchage migre vers la surface créant une couche protectrice (principre de la carbonatation). La fresque doit donc s'appliquer rapidement, entre la pose de l'enduit et son séchage complet, par zones préalablement établies ( giornata).
Les peintures à fresque sont les plus résistantes au temps et n'ont besoin généralement que d'un protocole de conservation, et donc d'aucune restauration picturale.
Souvent, la technique dite "a secco" vient compléter la fresque, notamment pour marquer les expressions des visages ou créer des plis sur les vêtements des personnages.
La détrempe est constituée généralement d'une charge (carbonate de calcium = craie), d'un pigment naturel (terre ou autre pigment minéral) et, en plus de l'eau, d'un agglutinant (ex: colle de peau, gomme arabique, caséine, oeuf, etc). Elle laisse un film réversible, c'est-à-dire qu'une fois sec il se dilue à nouveau dans l'eau, ce qui permet de jouer sur les dégradés, les glacis, mais est donc extrêmement fragile et nécessite, lors de sa restauration, une consolidation minutieuse et une retouche picturale.
Peinture à l'huile: technique consistant à mélanger le pigment (naturel ou oxyde) à une huile siccative, permettant d'obtenir une pâte plus ou moins consistante.
Le séchage est long, durant lequel l'huile durcit et "emprisonne" les pigments. On peut avec la peinture à l'huile jouer sur les transparences, les effets de matière, les glacis...
Cette technique, en mural, nécessite de préparer le support, au gesso, à la détrempe... et la conservation dans le temps se confronte à plusieurs problèmes: l'écaillage de la couche picturale due en général à une mauvaise préparation du support, l'oxydation due à certains pigments instables, les chancis dus aux vernis de finition, les pulvérulences dues aux problèmes d'hygrométrie... Sa restauration est donc longue et minutieuse: enlèvement ou allègement des vernis, consolidations par injection derrière les écailles et brumisation sur les zones pulvérulentes...
Un moyen d’expression:
La peinture murale est une expression culturelle de la création humaine à travers l'Histoire. Ces dernières années, avec l'évolution des doctrines de restauration, les spécialistes comme le grand public se sont intéressés à la peinture murale comme témoin de cette Histoire. En effet, avec l'art rupestre, l'homme a laissé trace de son évolution. Au fil des siècles, la peinture murale est devenue partie intégrante de l'architecture, soit pour un souci de mise en valeur du monument, dans un but purement décoratif, soit pour instruire les fidèles comme on peut le voir dans les églises dès l'époque romane.
Les techniques utilisées pour la réalisation de cet art varient énormément selon les pays et les époques.
Voici les principales techniques rencontrées:
Technique Support Principe
Fresque Sur enduit frais Carbonatation
Fresque pure (fresco) Enduit à base de chaux Pigments mélangés à l'eau
(Ca OH2)
Fresque à chaux Enduit à base de chaux Pigments + eau de chaux
Techniques à sec Supports divers Pigments, oxydes + liant
Peinture à la chaux Enduit de chaux sec, Pigments et lait de chaux
(a secco) gypse... sur enduit remouillé
Tempera, détrempe Chaux, pierre, plâtre, Pigments + liants organiques:
bois... colles animales, oeuf,
gommes végétales, caséine...
Huile Chaux, plâtre, toile, Pigments et huile de lin,
bois, pierre... d'oeillette, de noix ...
Exemples:
Saint-Jacques -des-Guérets, fresque, XIIème s.
Notre-Dame d'Yron, technique mixte fresque et détrempe XIIIème s.
Maison Florent Tissard, détrempe XVIème s.
Chapelle Saint-Hubert, technique mixte détrempe et huile, XVIIème s.
Hôtel en Vendée, huile, début XXème s.
D'autres informations:
Eclairant et passionnant
RépondreSupprimerMerci Saint-Just, ravie d'avoir accompli ma mission!
RépondreSupprimerInteressante. Eu volto aqui mais vezes para reler e aprender. Gostei muito do seu blog. De Porto Alegre, sul do Brasil, Heloisa
RépondreSupprimerMuita obrigada!
RépondreSupprimerQuel beau travail est votre univers est passionnant Salutations
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