La chapelle Saint‑Hubert se situe à Courcelles, près de Pithivier, dans le Loiret (45).
Elle comporte un très bel ensemble de peintures murales du XVIIème siècle, composé de décors architecturaux en trompe l'oeil et de scènes historiées représentant différents Saints et Saintes (Hubert, Geneviève, Apolline, Fiacre, Grégoire …)
La technique de réalisation est mixte : le support plâtre a reçu une préparation à la détrempe*, puis le décor a été réalisé à l’huile.
Le temps et les modifications architecturales ont plus ou moins détérioré les peintures : de grandes lézardes et fissures sont apparues ainsi que des déplaquements d'enduit avec perte partielle du support.
L'humidité et le plâtre ne faisant pas bon ménage, la couche picturale est devenue pulvérulente*,c'est-à-dire poudreuse, poreuse. Elle s'écaille aussi par endroits.
De nombreuses zones ont chanci*.
Enfin les teintes contenant du blanc de plomb se sont oxydées par endroit et ont pris une coloration noire irréversible.
J'ai réalisé ce chantier en binôme au sein de l'atelier ARCC B.Moulinier, en qualité de responsable de chantier.
Dans un premier temps, nous avons nettoyé et fixé les peintures par injections derrière les écailles d'une résine acrylique en faible concentration pour les recoller au support. Le nettoyage a consisté à dégager les repeints intempestifs à la gouache datant de la restauration de 1902, et la crasse laissée par les années par léger frottement de coton imbibé d'eau ou d'eau et d'alcool.
Nous avons ensuite rebouché les fissures et lézardes sur la totalité de la voûte avec un enduit bâtard de chaux, sablon et plâtre, et injecté un coulis romain dans celles-ci et derrière les zones de déplaquement afin de redonner une cohésion générale au support. Cette étape était la plus urgente, la structure étant très affectée.
Nous avons ensuite brumisé la totalité des décors avec un fixatif acrylique en faible concentration afin de refixer le pigment des zones pulvérulentes et redonner une profondeur aux couleurs qui avaient chanci.
Les zones de perte totale du support restent lacunaires, avec un léger sous-niveau afin de les mettre en évidence et de ne pas nuire à la lecture des peintures.
Enfin nous avons retouché les peintures à l'aquarelle, cette technique étant stable, mais aussi réversible, de façon à respecter notre déontologie (voir charte de Venise).
La retouche consiste à repiquer les petits arrachements de la couche picturale et à réintégrer les zones lacunaires en pointillisme pour les décors de type architecture, et a tratteggio* pour les scènes historiées. La retouche des petites lacunes est possible uniquement si nous avons assez d'éléments alentours nous le permettant, et sans rien inventer.
Voici la chapelle Saint Hubert après l'intervention de conservation-restauration:
* détrempe: peinture composée de pigments et d'un liant organique ( oeuf, lait, colle de peau...)
* pulvérulente: poudreuse, réduite en poussière.
* chanci: micro écaillage de peinture rendant les teintes opaques, comme blanchies car elles ne réfléchissent plus la lumière.
* tratteggio: technique de retouche en hachure, mise au point à l'Istituto Centrale per il Restauro de Rome, permettant de ne distinguer les lacunes retouchées qu'à quelques dizaines de centimètres.
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