Conservation, restauration de peintures murales et bois polychromes:

Fresques, mezzo fresco, détrempe, huile, sur supports d'enduit, de pierre, de toile, de bois...
Plafonds à la française, décors de boiseries, sculptures monumentales et mobilier liturgique...
Méthodologie de "restauration timide":
-respectueuse de l'oeuvre, sans résines ni produits écotoxiques
-produits naturels et aucune interprétation
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Bonjour chers visiteurs! J'ai créé ce blog afin de partager avec vous mon métier-passion.
Le Patrimoine, l'architecture, les objets qui nous entourent font partie de notre Histoire, que ce soit l'histoire de notre beau pays, ou une petite histoire qui a marqué une région, un village, l'un de nos ancêtres, et nous touche des années après...
Je me consacre coeur et âme à la sauvegarde de ce Patrimoine.
Conserver, restaurer, c'est soigner, préserver...
Et aimer, respecter.


mardi 30 novembre 2010

Les 10 ans du Val de Loire au patrimoine mondial de l'UNESCO

Samedi prochain je serai présente pour fêter cet anniversaire, lors du grand forum des acteurs du Val de Loire.
Nous pourrons donc échanger passion-patrimoine lors de votre visite!
Une grande journée "vivre au quotidien dans un paysage exceptionnel" est organisée par la Mission du Val de Loire au Vinci à Tours (37), le 4 décembre donc, de 10 heures à 18 heures.



Vous pourrez rencontrer des associations, établissements culturels et patrimoniaux, collectivités, artistes, photographes, éditeurs, métiers de la préservation du patrimoine ...


Trois expositions, des projections, des lectures, une table ronde, des conférences, dont "les châteaux du Val de Loire, l'invention de l'architecture de la Renaissance en France", par Pierre-Gilles Girault, conservateur au château royal de Blois et historien d'art...


 ...ou encore "la renaissance des troglodytes: modes d'emploi pour vivre au plus près de la pierre", par B. Tobie et B. Duquoc, et "l'architecture contemporaine du Val de Loire", par R. Eugène...


Samedi 4 décembre, de 10 h à 18 h
Le Vinci de Tours (37)
Entrée gratuite...  Venez nombreux!!!

lundi 29 novembre 2010

C'est clair...No comment!

" J'ai vu en mon temps cent artisans, cent laboureurs, plus sages et plus heureux que des recteurs de l'université."  ~Montaigne~


Lisez l'excellent article d'Isabelle Rambaud publié le 25 novembre 2010 sur son blog incontournable, il rejoint mes dernières pensées:


vendredi 26 novembre 2010

Tout sur ma démarche...

Conservation préventive, restaurations, interventions d'urgences, 
dé-restaurations (si!si!), j'en vois de toute les couleurs. 
Après une petite intervention, j'ai envie de faire le point...





Sans Cesare Brandi, la restauration moderne ne serait pas.
Sa "Teoria del restauro" a influencé la charte de Venise qui officialise la conduite adoptée par les restaurateurs d'oeuvres d'art et de monuments. 
Pour lui, la restauration doit s'opposer à l'empirisme: impossible de restaurer une oeuvre sans réfléchir à son sens historique, à l'unité esthétique de la pièce, et à son effet sur le spectateur.




C'est dans cet esprit que "j'adopte" quelques temps une oeuvre, qu'elle soit monumentale ou "petit format". 
Je ne lui donne pas de l'importance par rapport à sa valeur, mais par rapport à son histoire, à son impact sur mon regard et mon ressenti, et aux sentiments que son propriétaire ou le public a envers elle.
Je suis un "artisan-réparateur", une chirurgienne de la peinture, pas l'illustre membre d'une élite, car mon métier est avant tout manuel, même si bien entendu il me faut me poser les bonnes questions face à une oeuvre, faire des recherches historiques et iconographiques comme le conseille Brandi.
Mais il spécifie aussi clairement que nous devons être au service de l'oeuvre.
J'ai du mal à concevoir justement l'empirisme de certains de mes confrères, qui intellectualisent à outrance notre démarche: nous ne sommes pas des artistes, nous ne créons pas lorsque nous restaurons; nous ne sommes pas non plus conservateurs au sens scientifique du terme, enfin pas seulement... La théorie pure doit laisser place à la technique dès lors que nous nous trouvons face au bien que nous nous engageons à préserver: l'humilité doit tenir notre main.
Assez du professionnalisme de l'intellectuel et du virtuel, à quand le retour des vrais chantiers-école et de l'apprentissage???
Assez aussi des produits éco-toxiques et nocifs, saturés de résines, utilisés généralement car faciles d'utilisation: pas de préparation trop longue et pas trop d'efforts physiques pour restaurer, pas de perte de temps...
Assez des restaurations abusives, des retouches qui saturent les oeuvres et du même fait les dénature...
Assez enfin des mauvaises interventions faites sans connaissance ni du support, ni de la technique picturale, ni de leurs pathologies car sans expérience professionnelle...

Alors, pour conclure, je récapitule:
Je restaure parce que je veux soigner une oeuvre qui souffre, qui se dégrade.
Je conserve parce que je souhaite qu'un bien soit protégé des attaques du temps et continue de vivre.
Je préserve pour que les générations futures aient la chance de poser leurs yeux sur leur passé, leur patrimoine, s'en nourrissent et s'en inspirent pour construire leur avenir...
Je respecte la déontologie parce que c'est moi qui suis au service de l'oeuvre et non l'inverse...




Au delà de la conservation-restauration, je redonne vie à ces oeuvres afin qu'elles aient une seconde chance et que leur histoire continue de s'écrire...



Et s'il m'arrive parfois de créer, c'est pour exprimer ma perception de l'instant présent, transmettre un peu de la mienne, d'histoire...


Enfin je "blogue" afin de faire partager ma passion, mes sentiments, ma vocation "patrimoniale". Avec droiture, sans détours.

dimanche 14 novembre 2010

Salon "L'art au quotidien".

Ce week-end a eu lieu le très beau salon "L'art au quotidien" à Tours.

Voici quelques uns de mes coups de coeur:

Eric Geoffroy et ses luminaires extraordinaires.


Marc Collet et son fauteuil "Vetro", rétro en bois et verre...


Isabelle Blivet, relieuse et restauratrice de livres.



jeudi 11 novembre 2010

La peinture murale.

Parler de la restauration de peintures murales c'est bien, expliquer les différentes techniques auxquelles je suis confrontée, c'est mieux!!!

Définitions:
Peinture murale: terme général utilisé pour les décors peints sur architecture, et dont les techniques sont diverses. On utilise généralement et à tort le terme de fresque pour définir une peinture murale (technique dite "a fresco", application de pigments dans un enduit frais) .
Fresque: technique de peinture consistant à appliquer des pigments d'origine minérale sur un enduit frais (intonaco), afin qu'ils pénètrent dans la masse et soient protégés par le calcin, substance qui durant le séchage migre vers la surface créant une couche protectrice (principre de la carbonatation). La fresque doit donc s'appliquer rapidement, entre la pose de l'enduit et son séchage complet, par zones préalablement établies ( giornata).
Les peintures à fresque sont les plus résistantes au temps et n'ont besoin généralement que d'un protocole de conservation, et donc d'aucune restauration picturale.
Souvent, la technique dite "a secco" vient compléter la fresque, notamment pour marquer les expressions des visages ou créer des plis sur les vêtements des personnages.

Tempera et détrempe: techniques de peinture dont les pigments sont délayés à l'aide de liants en solution aqueuse.

La détrempe est constituée généralement d'une charge (carbonate de calcium = craie), d'un pigment naturel (terre ou autre pigment minéral) et, en plus de l'eau, d'un agglutinant (ex: colle de peau, gomme arabique, caséine, oeuf, etc). Elle laisse un film réversible, c'est-à-dire qu'une fois sec il se dilue à nouveau dans l'eau, ce qui permet de jouer sur les dégradés, les glacis, mais est donc extrêmement fragile et nécessite, lors de sa restauration, une consolidation minutieuse et une retouche picturale.

Peinture à l'huile: technique consistant à mélanger le pigment (naturel ou oxyde) à une huile siccative, permettant d'obtenir une pâte plus ou moins consistante.
Le séchage est long, durant lequel l'huile durcit et "emprisonne" les pigments. On peut avec la peinture à l'huile jouer sur les transparences, les effets de matière, les glacis...
Cette technique, en mural, nécessite de préparer le support,  au gesso, à la détrempe... et la conservation dans le temps se confronte à plusieurs problèmes: l'écaillage de la couche picturale due en général à une mauvaise préparation du support, l'oxydation due à certains pigments instables, les chancis dus aux vernis de finition, les pulvérulences dues aux problèmes d'hygrométrie... Sa restauration est donc longue et minutieuse: enlèvement ou allègement des vernis, consolidations par injection derrière les écailles et brumisation sur les zones pulvérulentes... 
Un moyen d’expression:
La peinture murale  est une expression culturelle de la création humaine à travers l'Histoire. Ces dernières années, avec l'évolution des doctrines de restauration, les spécialistes comme le grand public se sont intéressés à la peinture murale comme témoin de cette Histoire. En effet, avec l'art rupestre, l'homme a laissé trace de son évolution. Au fil des siècles, la peinture murale est devenue partie intégrante de l'architecture, soit pour un souci de mise en valeur du monument, dans un but purement décoratif, soit pour instruire les fidèles comme on peut le voir dans les églises dès l'époque romane.
Les techniques utilisées pour la réalisation de cet art varient énormément selon les pays et les époques.
Voici les principales techniques rencontrées:
     Technique                      Support                         Principe
       Fresque                     Sur enduit frais               Carbonatation 
     Fresque pure (fresco)                     Enduit à base de chaux                    Pigments mélangés à l'eau
                                                               (Ca OH2) 
         Fresque à chaux                              Enduit à base de chaux                   Pigments + eau de chaux 

     Techniques à sec              Supports divers          Pigments, oxydes + liant                                                                                                          
       Peinture à la chaux                         Enduit de chaux sec,                      Pigments et lait de chaux  
        (a secco)                                         gypse...                                         sur enduit remouillé
        Tempera, détrempe                        Chaux, pierre, plâtre,                     Pigments + liants organiques:
                                                              bois...                                            colles animales, oeuf,
                                                                                                                   gommes végétales, caséine...
       Huile                                             Chaux, plâtre, toile,                        Pigments et huile de lin, 
                                                              bois, pierre...                                 d'oeillette, de noix ...

Exemples:
Saint-Jacques -des-Guérets, fresque, XIIème s.

Notre-Dame d'Yron, technique mixte fresque et détrempe XIIIème s.

Maison Florent Tissard, détrempe XVIème s.

Chapelle Saint-Hubert, technique mixte détrempe et huile, XVIIème s.

jeudi 4 novembre 2010

"Dévoué à ton patrimoine tu seras..."

Je suis extrêmement touchée par le cri de détresse d'un collectif qui se bat pour sauver son église de la destruction, envers et contre tous, et surtout le maire de la commune qui ne fait apparemment pas grand cas de ce monument...
(cf. la tribune de l'art http://www.latribunedelart.com/l-eglise-saint-jacques-d-abbeville-toujours-plus-menacee-article002807.html et d'autres articles dans la presse écrite que j'ai pu lire et qui m'ont dépitée!)

Je vous présente l'église Saint Jacques d'Abbeville:


Cette église néogothique du XIXème est menacée de destruction car très endommagée, en particulier à la suite des fortes tempêtes qui ont ravagé la région ses dernières années.
L'intérieur est tout de même bien préservé et elle comporte de nombreux objets d'art religieux qui ont été évidemment déplacés.

J'apprécie en particulier ce superbe maître-autel et sa table de communion en délicate ferronnerie, témoignages d'un style néogothique très réussi, travaillés avec une grande finesse.

Un groupe très actif sur le réseau Facebook, a été créé par le collectif,
"non à la destruction de l'église saint Jacques d'Abbeville" 
http://www.facebook.com/group.php?gid=378143912189 ,  appelant notamment les membres à écrire au maire de la commune afin de lui faire part de leur soutien au collectif, des articles apparaissent, comme je vous l'ai déjà dit, dans les médias locaux et nationaux (le Figaro), mais le sort de ce patrimoine est encore indécis...
Je vous invite donc à vous pencher prestement sur ce monument digne d'intérêt, délaissé mais pas oublié, et à soutenir le collectif par vos mots d'encouragement, ainsi que toute idée susceptible d'aider ces passionnés dans leur combat.
Vous pouvez aussi signer la pétition en ligne:

Voici le lien du blog:

mardi 2 novembre 2010

Vive les passionnés!

Hier fut une belle journée, riche en échanges avec un charmant couple de passionnés, qui a eu un coup de foudre pour une vieille demeure du XVème siècle, comportant d'exceptionnelles peintures murales.
Après avoir un jour découvert mon blog, ils m'ont contactée, intéressés par ma vision du patrimoine similaire à la leur et souhaitant me rencontrer dans leur demeure.
Ils restaurent ce logis depuis cinq ans, avec un amour qui m'a touchée et un respect de l'architecture et de l'utilisation des matériaux qui sont rares à notre époque... J'ai senti que ce lieu les avait imprégnés totalement, et qu'il était imprégné d'eux: une véritable alchimie!
Ils m'ont fait partager leur engouement pour ces travaux (ce qui pourtant est un dur labeur), et m'ont permis de découvrir les peintures murales, encore protégées aux trois-quart par des badigeons, ce qui laisse présager une excellente conservation. Ils étaient motivés par un projet de conservation-restauration, certes, mais aussi attentifs à la nécessité d'établir une conservation préventive: vérifier la température ambiante et ses écarts et les possibles problèmes d'hygrométrie, assurer une utilisation de la pièce propice à la préservation des décors...
D'autre part, je leur ai expliqué le protocole de restauration et ses différentes étapes, le résultat qui serait obtenu, et là encore, leur attention était extrême, comme s'ils vivaient déjà l'aventure!


Quel plaisir vraiment de rencontrer des personnes qui parlent votre langage, qui vivent votre passion, qui ont votre sensibilité!
J'espère par ces quelques lignes vous avoir transmis encore aujourd'hui un peu de mon univers, et vous avoir encouragés à aimer votre patrimoine!
A bientôt chers lecteurs, pour un nouveau partage.